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Le fantôme de Roucy
18 septembre 2010

Orages d'acier

« Le grand moment était venu. Le barrage roulant s'approchait des premières tranchées. Nous nous mîmes en 9782253048428marche... Ma main droite étreignait la crosse de mon pistolet et la main gauche une badine de bambou. Je portais encore, bien que j'eusse très chaud, ma longue capote et, comme le prescrivait le règlement, des gants. Quand nous avançâmes, une fureur guerrière s'empara de nous, comme si, de très loin, se déversait en nous la force de l'assaut. Elle arrivait avec tant de vigueur qu'un sentiment de bonheur, de sérénité me saisit.L'immense volonté de destruction qui pesait sur ce champ de mort se concentrait dans les cerveaux, les plongeant dans une brume rouge. Sanglotant, balbutiant, nous nous lancions des phrases sans suite, et un spectateur non prévenu aurait peut-être imaginé que nous succombions sous l'excès de bonheur. »
Ernst Jünger.

"Le livre d'Ernst Jünger, Orages d'acier, est incontestablement le plus beau livre de guerre que j'aie lu."André Gide.

Le Livre de Poche, 2002

L'ébauche de ce journal de guerre allemand tenu par un volontaire de dix-neuf ans remonte à l'automne 1914 et a souvent été repris et revu par l'auteur avant chaque réédition. Jünger dédie Orages d'acier aux combattants français de la première guerre mondiale en ces propres termes : "J'y joins mon espoir d'une amitié étroite et toujours croissante entre nos deux patries ; s'élevant au-dessus des sacrifices anciens, elle est l'un des piliers qui soutiennent le monde nouveau." La seconde préface est écrite par le Maréchal Juin et datée de décembre 1959.

Jünger découvre la guerre dans les tranchées champenoises, aux alentours de la petite ville de Bazancourt et Orainville. Premiers morts, premiers obus, premières visions de corps déchiquetés, premières nuits glaciales, premiers contacts avec le froid qui ronge, la pluie, la craie, la boue et la faim. La guerre saisit la bleusaille comme une ivresse : "C'est sous une pluie de fleurs que nous étions partis, grisés de roses et de sang. Nul doute que la guerre ne nous offrît la grandeur, la force, la gravité. Elle nous apparaissait comme l'action virile : de joyeux combats de tirailleurs, dans des prés où le sang tombait en rosée sur les fleurs."

Dès les premières heures, "la guerre montre ses griffes et jette son masque de bonhomie." Un témoignage indispensable pour mieux comprendre la Première Guerre Mondiale, côté allemand.

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